• Chapitre XIII

    - Vous allez à Kaderma, la ville des jeux et de l'argent ?
    - Merci Pyrus, dit Shiryu. Enfin quelqu'un qui connaît cette ville !
       Pyrus était un jeune homme qui était venu nous voir alors que nous venions de sortir du temple. La statue ayant disparu avec la Déesse, nous étions sortis, avec l'aide de Mander, par un trou dans le plafond du temple et avions fuit en direction de la forêt. J'avais rangé la perle, qui était devenue de la taille d'un œil, dans un sac que m'avait fourni Shannon. La guérisseuse nous avait suivi, prétextant qu'elle voulait comprendre ce que Waela lui avait dit. À peine avions nous atteint l'orée des bois que Pyrus, tout fier, sortit de sa cachette en criant qu'il voulait se joindre à une bande de criminels. Les villageois avaient commencé à se lever, en cette douce matinée, et avaient entendu Pyrus. Nous dûmes donc courir à travers la forêt pour nous cacher et étions en train de nous reposer dans une petite clairière.
    - C'est pas ma faute si j'étais scellé pendant qu'elle se construisait !
    - T'es un Ellecs ?! J'ai toujours rêvé d'en rencontrer un ! Je peux te poser quelques questions ?
       Je trouvais Pyrus un peu trop curieux.
    - D'abord, parle nous de toi, lui demandai-je. Qui es-tu ?
    Pendant ce temps, Spyke alla s'allonger contre un arbre.
    - Je suis Pyrus, recherché pour meurtre, et je voudrais renverser le Roi et prendre sa place.
    - Renverser le Roi ?! s'étonna Roxane. Pourquoi ?
    - Tout simplement parce que je ne l'aime pas et que je voudrais changer le monde, pour qu'il soit meilleur pour nous, les détenteurs de dons.
    - Et quel est ton don ? demanda Shannon.
       L'homme tendit son bras gauche devant lui et serra son point. Celui-ci s'enflamma, sans que son costume blanc ne soit brûlé. Pourtant, nous pouvions sentir la chaleur du feu. Puis, Mander atterrit et effraya Pyrus. L'homme voulu donc montrer ce qu'il savait faire en tuant ce dragon, mais je l'en empêchai. Je lui dis que l'animal était avec nous.
    - Dans ce cas, je vais détruire ce truc là-bas.
       Shiryu l'en empêcha. C'était Spyke qu'il voulait attaquer. Intrigué par son haut-de-forme, le Démon lui demanda à quoi il lui servait.
    - Oh! C'est un chapeau-sac. J'adore les chapeaux, j'en ai d'ailleurs un bon nombre, et celui-ci est constitué d'un vortex permettant de ranger tous les objets qu'on met dedans. Bien sûr, il faut qu'il puisse passer par le trou. Oh! J'ai une idée.
       Il enleva son chapeau, mit la main dans l'orifice et fouilla. Il en sortit un énorme morceau de viande. Il le garda dans sa main gauche et le fit cuire. Puis, il nous donna des morceaux et Shannon ayant trouvé des feuilles comestibles, nous pûmes enfin manger. Tout compte fait, il était plutôt sympathique.
       Peu après, Mander, qui avait mangé les restes de la viande, s'envola vers le cœur de la forêt. Quand il revint, il était trempé des pieds à la tête. Je lui demandai où il était parti et il nous emmena près d'un lac. Il était entouré de saules pleureurs et l'eau était calme et limpide. On pouvait voir les cailloux composant le fond de l'étendu d'eau. Shannon nous proposa de nous laver, ce que nous acceptions. Après toutes ces courses et ces combats, nous étions vraiment sales. Les deux jeunes femmes nous laissèrent nous laver les premiers et retournèrent alors près du feu. J'observai le lac et ses alentours pendant que les autres enlevaient leurs vêtements. Nus, ils se jetèrent à l'eau. Je les vis faire une course puis une bataille d'eau, assis sur le sol. Ils s'amusaient beaucoup et je pus remarquer que tous trois étaient musclés.
       Le lac n'était pas très grand. Il n'avait pas l'air d'être très profond non plus. Alors que les arbres étaient gros et imposant. Le vert des saules faisait ressortir la clarté de l'eau. Les rayons du soleil étaient renvoyés par les minéraux composant le fond du lac. Mon attention fut détournée par un rapide mouvement dans l'eau. Je n'eus pas le temps d'apercevoir la silhouette mais c'était quelque chose de plus gros qu'un poisson. Je m'approchai du bord, essayant de retrouver la trace du fuyard, lorsque Spyke me poussa. Je tombai et me débattis pour garder la tête hors de l'eau, le souvenir de ma noyade dans le ruisseau remontant dans mon esprit. Puis, voyant tout le monde debout, je compris que je pouvais me lever. Nous rîmes de bon cœur. J'enlevai mes habits trempés et les étendai sur l'herbe puis retournai dans l'eau, bien décidé à faire payer l'Ellecs pour cet affront. Mais celui-ci m'attendait et m'envoya tellement d'eau que je finis par tomber à la renverse.
    - Spyke, dis-je en me redressant douloureusement, tu m'énerves !
       Mais, alors que je mettais ma main sur son visage pour lui faire boire la tasse, il commença à se transformer en pierre. Lorsque je m'en rendis compte et que j'eus enlevé ma main, sa tête était entièrement statufiée. Je posai alors mon autre main sur son crâne et tout redevint dans l'ordre.
    - T'aurais pas dû t'arrêter, m'annonça-t-il, j'aurais eu une statue me représentant !
    - T'es bête, Spyke, dit Shiryu. Mais si tu devais faire des statues, fais d'abord la mienne.
       Après avoir bien ri et nous être lavés, nous nous asseyâmes dans l'herbe pour nous sécher. Pendant que le soleil nous réchauffait, Pyrus nous parla de sa famille. Son père était tailleur. Il confectionnait toutes sortes de vêtements, du simple bonnet aux robes les plus élégantes de la Reine. Mais lorsque celle-ci mourut, le Roi ordonna de l'enfermer lui et sa famille dans un des cachots, l'accusant d'avoir tué sa femme. Pyrus était absent lorsque ceci se produisit et fut donc épargné de la sentence du Roi. Il était alors, comme moi, recherché par les soldats du Roi et avait entreprit de sauver sa famille et de trouver sa mère, qu'il n'avait jamais vu. Pendant qu'il parlait, je remarquai que ses yeux reflétaient une certaine mélancolie. Puis, mon cœur s'affola, ma vision se troubla et une larme se mit à couler de mes yeux.
    - Eh ben dis donc ! s'exclama Pyrus. Je ne savais pas que mon histoire t'émouvrait autant.
       Ils rirent, mais ils ne pouvaient pas voir ce qu'il m'arrivait, ils ne pouvaient pas comprendre. Je ne percevais plus les auras autour de mes compagnons, je ne voyais plus les couleurs vives que me renvoyaient leurs silhouettes. C'était comme si j'étais devenu aveugle.

     


       Après avoir réveillé Spyke et nous être rhabillés, nous retournâmes dans la clairière, où nous trouvâmes les deux jeunes filles chacune dans un coin, le visage rouge de colère.
    - Vous voilà enfin, dit sèchement Shannon.
    Et, en même temps, elles partirent vers le lac. Lorsqu'elles furent hors de portée de nos paroles, nous éclatâmes de rire. Pyrus nous demanda ce qu'elles avaient.
    - C'est rien, lui répondit Shiryu. Shannon déteste les filles et Roxane est jalouse d'elle. C'est comme ça tous les jours.
    - Eh ben ! Il faudrait nous trouver une nouvelle fille !
       Nous ?
       Pyrus s'était bien intégré dans notre groupe. Mais je n'arrivais pas encore à lui faire confiance. Si seulement je pouvais voir son aura ! D'ailleurs, je ne comprenais toujours pas pourquoi je ne voyais plus les fluxs de pouvoirs. Je trouvais ça étrange. Il faudra que je demande à Shannon ce qu'il m'arrivait. Soudain, Shiryu et Pyrus, qui jouaient au dessus du feu, se levèrent et observèrent les alentours.
    - Que se passe-t-il ? leur demandai-je.
    - Nous ne sommes plus seuls.
       Je regardai autour de la clairière. Malheureusement, sans mon pouvoir de vue, je ne pus savoir si il y avait quelqu'un. Mais, j'entendis un étrange bourdonnement venant de la terre. Spyke se réveilla et Mander, gêné par ce tapage, s'envola en direction du Sud. C'est alors que de gigantesques racines sortirent du sol. Elles s'élevèrent à la cime des arbres et retombèrent sur nous dans un vacarme étourdissant. Par chance, nous pûmes toutes les éviter. Puis, un tourbillon de pétales de fleurs se rapprocha de nous et s'arrêta au centre des veines des arbres. Pendant que j'essayais de comprendre ce qu'il se passait, me demandant si ce n'était pas l'intervention d'un Dieu ou d'un Démon, Shiryu semblait reconnaître ce phénomène et affichait une mine grave. Cela devait donc venir du monde des Démons. Soudain, la tempête florale se stoppa net et les pétales restèrent suspendues dans l'air. Puis, elles furent balayées par le vent et laissèrent place à trois personnes : deux hommes et une jeune fille. Tous les trois s'exclamèrent en même temps.
    - Shiryu ?!

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