• Chapitre XVIII

       Dans la pénombre d'une salle humide, une jeune fille se réveilla. Elle avait fait un rêve plein d'explosions. Elle observa les alentours, frappant sa tunique pour en retirer la poussière. Le lit sur lequel elle avait dormi était fait en vieilles pailles malodorantes. Une petite meurtrière dans le mur permettait à la fois de voir l'extérieur et de recevoir un peu d'air frais. Dans un coin, un trou était creusé dans le sol pour y faire ses besoins. Mais lorsqu'elle vit les barreaux sur la porte en bois, elle comprit enfin qu'elle se trouvait en prison.
    - Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi je suis en prison ? Peut-être que c'est parce que j'ai cambriolé la banque. Non, je n'avais pas encore décidé de le faire. Je l'ai peut-être fait inconsciemment alors. Non, je m'en souviens, un type est entré pendant que je réfléchissais. Puis un autre qui m'avait appelé ma douce.
       Elle se parlait à elle-même en faisant les cent pas. Elle s'arrêtait, repartait, allait dans un sens, dans l'autre, tournait puis revenait sur ses pas. Elle remarqua un tas de tissus contre un mur et pensa qu'ils pourraient lui servir de couvertures.
    - Je l'ai peut-être tué, dit-elle en s'arrêtant. Tant mieux !
       Elle souriait, puis sa figure se décomposa.
    - Mais c'est pas sympa. C'est pour ça que je suis ici ! Mais alors, je dois rester emprisonnée pour mon crime. J'ai quand même envie de partir. Après tout, je l'ai peut-être pas tué...
       Et elle continuait de peser le pour et le contre de son évasion lorsqu'on frappa à la porte. Celle-ci s'ouvrit légèrement et deux plats furent poussés dans la cellule.
    - Pourquoi y a-t-il deux assiettes ? Ah! Ils savent que je mange beaucoup ! Ou alors c'est parce qu'il y a quelqu'un d'autre ? Mais non, je suis toute seule ! Toute seule... Je ne tiendrais jamais sans voir des gens ! Il faut que je sorte. Mais c'est ma punition d'expier mon crime, je dois rester.
       Elle considéra alors l'étrange mixture nauséabonde lui servant de repas.
    - Il faut que je sorte !!! cria-t-elle.
       Soudain, le tas de tissus sombres remua. La jeune fille cru qu'une souris ou un rat mutant – vu la nourriture servie – allait sortir de là-dessous. Elle hurla, imaginant un énorme rongeur putréfiant aux griffes acérées et aux tentacules à la place de sa queue et de ses oreilles.
    - Chut, j'essaye de dormir.
       Un jeune homme se tourna vers elle. Il avait des cheveux rouges et noirs qui faisaient des piques dans tous les sens et des yeux aussi rouges que sa chevelure. Elle sentait comme une sorte de force qui lui disait de se méfier de lui.
    - Depuis quand es-tu là ? Tu m'as écoutée ? Pourquoi sommes-nous ici ? Tu sais quelque chose ? Parle ou je te frappe !
    - Houlà! Doucement ! Je viens juste de me réveiller.
       Donc il n'avait pas entendu ce qu'elle disait. La jeune fille se sentait soulagée.
    - Mais, dis-moi, où est le type insolent contre qui nous nous battions ?
       De quoi parle-t-il ? Est-il cet homme étrange qui avait pris la banque pour une auberge ?
    - Je ne sais pas. Mais il faut que je sorte d'ici. Une jeune fille comme moi ne peut pas rester enfermée toute sa vie. M'aideras-tu ?
       L'homme s'était rendormi. Elle lui donna alors un coup de pied dans le ventre qui le releva d'un coup.
    - Aide-moi à m'évader !
       Il accepta en se tenant l'abdomen. Comme ça, elle le trouvait beaucoup moins dangereux.
    - Je m'appelle Mélusine. Je suis une jeune Sage...
    - Une Sage ?!
       Il était à la fois effrayé et étonné.
    - Oui, une Sage. Mais je suis encore débutante. Je ne peux pas encore emprisonner des criminels, c'est pour ça que je cherche un Sage accompli pour m'enseigner son art.
       Le hérisson ferma les yeux un instant et répondit.
    - Si ce que tu dis est vrai, tu dois être la dernière Sage encore en vie.
       Mélusine s'affola.
    - Mais alors, je ne pourrais jamais devenir une Sage accomplie ! Je ne comprendrais jamais ce qu'il y a d'écrit dans mon livre de Sages.
       La curiosité piqua le jeune homme.
    - Un livre de Sages ? Peux-tu me le montrer s'il-te-plaît ?
       Elle accepta et fit apparaître dans ses mains un vieux livre imposant. Sa couverture en cuir commençait à se craquer et certaines feuilles se détachaient déjà. Elle le tendit à son compagnon de cellule qui l'ouvrit à la première page. Il la parcouru et rendit l'ouvrage à sa propriétaire.
    - Je connais cette langue, je peux te la traduire et t'apprendre à devenir une Sage accomplie.
    - T'es un Sage ?
       Elle le regarda de la tête aux pieds et hésita entre le fait qu'il cachait peut être sa véritable identité sous son apparence de jeune homme ou bien qu'il était juste un homme crasseux portant des guenilles. Elle réalisa ensuite qu'elle portait le même vêtement.
    - Bien sûr que non. Mais il va falloir sortir d'ici et tu devras me rendre un service.
    - Ah oui ? Lequel ?
    - Je ne te le dirais pas maintenant, les murs ont des oreilles.
       Elle se méfiait de lui. Il avait beau avoir l'air sympathique, la jeune fille avait toujours cette boule au ventre. Elle lui demanda de lui prouver qu'il l'aiderait. Pour lui répondre, il prit son livre et l'envoya sur la porte. Celle-ci explosa. Des débris volèrent, les gonds se tordirent, une ouverture béante se dessina dans l'ancienne porte de la cellule. Il ramassa le livre de sages, qui n'avait aucune égratignure, et se présenta.
    - Je suis Spyke, fit-il en tendant sa main pour qu'elle le suive.
    - Mais ça va pas de lancer ce livre si précieux sur une porte aussi solide ! T'aurais pu le déchirer ! En même temps, on peut sortir maintenant. Mais je peux pas sortir. Si j'ai vraiment tué cet imbécile – bien fait pour lui – , je dois rester dans cette cellule.
    - Bon, on y va ? dit Spyke en souriant.
    - J'arrive !
       Mélusine avait finalement décidé de partir avec cet inconnu et de sortir de la prison. Le jeune homme proposa d'aller chercher leurs affaires en restant ensemble. Elle accepta, tout en se méfiant de sa sympathie et de sa bonne humeur.





       Les pierres composant le sol des couloirs glaçaient les pieds des deux évadés. Mélusine priait à chaque croisement qu'aucun geôlier ne soit là. Ses vœux furent entendus et ils n'en croisèrent pas. Mais la jeune fille était toujours nerveuse. Peut-être était-ce le fait qu'elle s'évadait, alors qu'elle était certainement emprisonnée pour une bonne raison. Ou bien parce qu'elle ressentait quelque chose de bizarre, comme un nœud dans son estomac, chaque fois qu'elle croisait le regard de Spyke. Quoiqu'il en soit, elle le suivait, dépassant des cellules où les prisonniers dormaient ou gémissaient.
       Ils marchaient depuis une bonne heure lorsqu'ils arrivèrent dans un couloir menant à une salle lumineuse. Cachés dans la pénombre, ils entendaient des voix masculines.
       Ce sont peut-être des gardes, ou des prisonniers. Ou bien des hommes venus pour me délivrer ou pire... nos bourreaux.
       La jeune fille s'affolait. Elle allait mourir, c'était certain. Alors qu'elle commençait une crise d'angoisse, respirant de plus en plus fort, Spyke lui mit la main sur la bouche en lui disant de se calmer. Sa main était anormalement froide. Même pour un lieu comme celui-ci. En se calmant, elle entendit la conversation qu'il écoutait.
    - ... exploser comme ça ! dit un homme.
    - Mais si, j'te promets Rob ! Il a crié "BOUM !" et son corps a explosé sur la route !
    - 'Faut vraiment qu't'arrêtes d'écouter les idioties des prisonniers, Georges. En parlant d'eux, t'es allé nourrir les nouveaux arrivants ?
    - Ouais ! J'leur ai balancé leur bouillie dégueulasse. Même mon chien est mieux nourri.
    - J'irai bien les voir 't à l'heure.
    - Pourquoi ? T'veux savoir s'ils en ont laissé pour leur prendre ?
    - T'es malade ! répliqua le dénommé Rob. J'veux juste souhaiter la bienvenue à la première jeune femme prisonnière ici.
       Mélusine comprit que c'était d'elle qu'il parlait. Elle devina même l'étrange sourire qu'il devait faire et les pensées ignobles qu'il devait avoir. Elle voulut aller à leur rencontre mais Spyke la retenait toujours. Elle tenta de se dégager, mais il était plus fort qu'elle. Il lui murmura quelque chose à l'oreille.
    - Surtout, ne bouge pas.
       Puis il la lâcha et tapa sur le mur du plat de la main. La jeune fille savait que les hommes allaient venir voir ce qu'il se passait, mais elle ne comprenait pas pourquoi il faisait ça. Ils viendront les remettre dans leur cellule et peut-être même qu'ils la garderont avec eux. Elle hésitait à s'enfuir ou à frapper Spyke. Mais lorsqu'un des hommes s'approcha, il la poussa dans l'ombre du mur. L'homme avait l'air jeune et il portait une tenue complètement bleue, de son chapeau à visière aux bottes de cuir. C'était sûrement Georges. Spyke se mit devant le garde, à la lumière, de sorte qu'on voyait son visage. Elle remarqua enfin l'éclat écarlate de ses pupilles, accentué par son teint blafard. Avec sa peau glaciale, on aurait pu croire qu'il était un mort vivant. Ou bien malade. Mais alors qu'il allait demander de l'aide, le garde sursauta, tandis que Spyke s'écroulait sur le sol. Mélusine allait s'approcher pour aider son compagnon de cellule lorsque l'autre garde, alerté par les bruits, demanda ce qu'il se passait.
    - Rien, c'était un rat, répondit-il. Il m'a fichu une de ses trouilles.
       Il mit son index sur sa bouche pour demander à la jeune fille de se taire et montra le corps sans vie de Spyke. Puis, il rejoignit son compagnon. Mélusine regarda Spyke, puis l'homme, et sans prendre compte de son avertissement, elle se lança à sa poursuite.
    - Eh! cria-t-elle une fois arrivée dans la salle ronde. Qu'est-ce que tu lui as fait ?
       Ce qu'elle avait oublié, c'est que maintenant, ils étaient deux contre elle. Le second homme, plus vieux que Georges mais habillé pareil, se leva de son vieux fauteuil et s'approcha de son coéquipier.
    - C'qui elle ?
       Ils la regardaient tous les deux. Enfin... Rob la dévisageait. Mélusine voulut lui répondre de regarder ailleurs – elle portait des guenilles un peu trop courtes et déchirées à son goût – mais son coéquipier lui asséna un violent coup de poing qui l'envoya voler sur une vieille table en bois. La jeune fille ne comprenait pas pourquoi il l'avait frappé.
    - Que...
    - Mélusine, l'appela-t-il, c'est moi, Spyke. Je peux voler le corps des gens qui me regardent.
    - Quoi ?!
       Georges – ou Spyke, elle ne savait plus – soupira et soudain, il s'évanouit. Mélusine entendit ensuite que Spyke se réveillait.
       Alors, il peut vraiment posséder les gens ?! C'est carrément cool ! Ou dégoûtant...
    - Mélusine, il faut y aller. Ils ne vont pas tarder à se réveiller.
    - Mais, ils ne vont pas donner l'alarme ?
    - Non. Ils vont être trop occupés à régler leurs comptes.
       Ils se dirigèrent vers la porte menant à l'opposé de par où ils étaient arrivés et Mélusine remarqua un objet brillant sur le sol. Elle s'en approcha et ramassage un trousseau comportant une dizaine de clefs.
       Ça pourrait nous être utile pour plus tard.
       Après avoir passé sa main dans l'anneau métallique, elle suivit Spyke dans un nouveau couloir sombre.
    Mélusine avait l'impression de tourner en rond. Entre les cul-de-sacs, le silence dû à l'heure tardive et les appels agonisants des autres prisonniers, elle commençait à en avoir marre. De plus, elle ne sentait presque plus ses jambes, tandis que Spyke semblait toujours plein d'énergies. Il avançait silencieusement en regardant à droite et à gauche aux croisements, jaugeant chaque couloir pour choisir celui qui lui semblait bon. La jeune fille se demandait comment il trouvait le chemin. Elle comprit plus tard qu'ils avançaient au hasard. Ils tournèrent dans un couloir et ne rencontrèrent aucun garde. Cela paraissait plus qu'étrange. Le bruit mat de leurs pas sur les pavés résonnait et était accentué par l'atmosphère silencieuse qui régnait. En effet, on entendait ni gémissement glauque, ni prisonnier qui parlait à un compagnon mort, ni même la respiration d'un homme endormi. Mélusine repensa aux paroles de sa grand-mère.
       Elle se trouvait assise à une table, devant son gros livre de Sage. Elle devait avoir sept ou huit ans. Ses longs cheveux blond-roux tombait dans son dos et elle portait une longue robe noire. Sa grand-mère, dans son fauteuil à bascule, lui racontait souvent des histoires de héros au cœur d'or qui triomphaient d'ennemis trop orgueilleux et épousaient des jeunes filles vertueuses. Mais ce soir-là, son aïeul lui parlait sérieusement.
    - Le silence, disait-elle de cette voix douce et forte qu'ont les personnes âgées, est propice à la réflexion, mon enfant. Il te permettra de réfléchir à tête reposée.
       La petite fille acquiesçait. Elle préférait écouter les vieilles légendes sur des hommes courageux, mais elle savait que c'était dans ces moments que sa grand-mère lui apprenait une nouvelle formule. Elle était impatiente.
    - Mais fais très attention. Chaque chose a un bon et un mauvais côté. De fait, le silence peut rendre fou le plus lucide des hommes. Si jamais tu commences à perdre la raison, crie, hurle, pleure, n'importe quoi pour faire du bruit. Maintenant, je vais t'apprendre une formule de silence...

       Pourquoi se souvenait-elle de ça à ce moment précis. Elle ne comprenait pas vraiment, mais elle savait que c'était important. Chaque fois qu'elle se rappelait de son enfance avec sa grand-mère, elle appliquait l'une de ses sages leçons. Elle suivit donc Spyke avec ce pressentiment qu'il allait se passer quelque chose. En l'observant de dos, elle s'imagina comme étant une princesse sauvée par son valeureux héros. Ah! comme elle rêvait de vivre une vie remplie d'aventures ! Parmi ce silence, elle tenta d'en apprendre plus sur son compagnon.
    - Spyke, je peux te poser une question ? demanda-t-elle.
       Sa voix résonna, mais il ne répondit pas. Elle prit son mutisme pour un accord.
    - Très bien. As-tu déjà combattu des monstres ?
       Il s'arrêta et soupira.
    - Écoute, on pourra se poser des tas de questions quand on sera dehors, alors, s'il-te-plaît, avançons.
       Mélusine fit la moue. Elle en avait marre de marcher sans savoir où elle allait. Elle attrapa donc le bras nu de Spyke pour le faire se retourner. Un frisson le parcouru.
       Est-il malade ? Cela expliquerait sa pâleur et sa peau glaciale. Ou bien...
    - Tu as peur de moi, annonça-t-elle.
       Spyke évitait son regard. Il ouvrit la bouche comme pour parler et leva les yeux. Une terreur violente s'en échappait. La jeune fille ne comprenait pas pourquoi elle lui inspirait de la crainte. Mais lorsqu'elle voulut lui répondre, un cri horrible résonna. On aurait dit le râle d'un homme robuste qu'on étranglait mélangé au hurlement de terreur de sa femme. Mélusine en était effrayée. Pourtant, ce qu'elle allait voir était bien pire.
       Une créature à la silhouette humaine était suspendue au plafond. Des lambeaux de peau pendaient de son corps putride et noirci, comme un cadavre en décomposition. Plus effrayant, le monstre n'avait pas d'yeux. Son front s'étendait jusqu'à une truffe pointue. De son énorme gueule sans lèvre, des crocs de la taille d'un pouce s'alignaient aléatoirement. La bête poussa son hurlement atroce et tenta d'attraper Mélusine de ses griffes fourchues. Mais juste avant qu'elle ne soit touchée, Spyke la plaqua contre un mur. Il devait se coller à elle pour ne pas se faire toucher par la masse énorme de la créature. La jeune fille rougit d'être aussi proche de lui, puis, lorsqu'un autre rugissement sinistre retentit, elle blêmit. Ils ne bougeaient plus. Sans yeux, le monstre ne pouvait pas les voir. Et pourtant, Mélusine le vit se tourner vers eux. Alors elle comprit comment il faisait.
       Il utilise les ultrasons renvoyés par ses hurlement pour nous trouver !
       Il leur restait deux solutions : affronter le monstre ou fuir en espérant être plus rapide que lui. Spyke essaya la première. Mais la créature, bien qu'aveugle, évitait tous ses coups. Alors la jeune fille réfléchit. Si la bête se repérait au bruit, il fallait ne pas en faire. Spyke commençait à s'épuiser de ne pas toucher sa cible. Le monstre, lui, semblait s'amuser. Mélusine n'avait donc qu'une seule chance. Sa formule de silence ne retarderait pas la créature longtemps.
    - Siaf el ecnelis ! Euq el ueil tios teum ! hurla-t-elle.
       Une énorme bulle lumineuse se propagea autour d'elle et fit disparaître tous les sons de la pièce. La bête était perdue. Elle tournait la tête dans tous les sens pour chercher le moindre bruit. Alors, elle s'énerva – du moins, c'est ce que la jeune Sage pensait en voyant le front du monstre se couvrir de plis – et tomba sur le sol. Aucun bruit non plus. Elle balança ses serres pour essayer de les toucher mais ils avaient reculés. Mélusine attrapa le bras de Spyke et lui montra le bout du couloir. Spyke comprit parfaitement ce qu'elle tentait de lui dire et ils s'enfuirent aussi vite que possible, loin de la bête.
       Ils tournèrent à chaque croisement, pour semer leur poursuivant, et arrivèrent dans un cul de sac. La jeune fille commençait à entendre faiblement son compagnon reprendre son souffle. Le son revenait peu à peu. Elle respira à fond et trouva une idée pour se protéger du monstre. Elle retira l'anneau métallique de son poignet et attrapa une clé au hasard. Elle la fit entrer dans la serrure de la cellule juste devant elle. La clé ne tournait pas. Elle en essaya cinq autres, sans succès. Elle pouvait maintenant entendre le sinistre cri de la créature et le bruit de ses griffes raclant le sol pavé se rapprocher. Tremblante, elle prit une nouvelle clé. Le trousseau tinta et elle pria pour que le monstre n'ait rien entendu. Mais à la cadence plus rapide des pas de la bête, elle sut que sa prière s'était perdue quelque part. Elle se dépêcha de faire rentrer la clé, ratant le trou deux ou trois fois à cause de l'obscurité, et tenta de la tourner. Quelque chose l'en empêchait. Peut-être la rouille du verrou ? Quoiqu'il en soit, la porte refusait de s'ouvrir. Elle utilisa toute la force qu'elle avait, mais la clé ne tourna pas. La créature était toute proche. Mélusine était paralysée par la peur.
       Je vais mourir, si j'ouvre pas la porte ! Mais j'y arrive pas... C'est pas comme ça que je veux mourir, non !
       Et elle se surprit à crier tout haut :
    - Et moi qui voulais voir ce qu'il y avait à l'intérieur !
       À ce moment, un déclic se fit entendre et la porte s'ouvrit rapidement. La bête morbide venait d'arriver, mais ils étaient entrés et avaient fermé la porte. Les voilà de nouveau enfermés dans une cellule sombre et humide.

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